Je n’avais jamais désiré cette femme, ce n’était ni mon genre physique ni mon habitude puisque je ne visais pas les femmes mariées et déjà en couple. Mais elle me faisait penser à mon ex. A sa douceur. A son intelligence. A sa générosité quand mon ex était généreuse. Aux longs moments ensemble durant tant d’années avec elle, quand nous étions heureux et libre de nous aimer, à vingt ans, sur une immense plage de l’Atlantique.
Je pouvais déceler en elle soudain, en Virginie, l’aisance de la femme lorsqu’elle n’est pas coupée d’elle-même, capable de jouir parce qu’elle aime — de jouir avec violence et beauté, comme un volcan tout à fait libre et de trembler de tout son corps sans en avoir ni honte, ni en tirer aucun orgueil, puisque tel est l’avantage de la femme qui n’est pas parfaite physiquement : elle n’est pas orgueilleuse et ne tire aucune gloire de son corps, ni aucune arme de soumission.
Les seins de Virginie n’étaient pas des armes pour soumettre, mais pour créer et donner la vie. C’était soudain l’image de la Vierge de Fra Angelico avec son énorme manteau pour recréer le monde à son image, dans son ventre pour en jouir comme aucune femme auparavant. Virginie vibrait avec elle-même, attendant ses enfants devant l’école, et c’était soudain terriblement sexy de la voir vibrer comme ça, avec elle-même, offrant l’assurance de sa chair et de sa présence à ses enfants surtout, à son mari également, mais à n’importe qui surtout capable de la voir comme l’un des tableaux qu’elle aimait étudier au Louvre et qui l’avaient mise en rapport avec son mari il y avait quinze ou vingt ans, lorsqu’il était peintre et qu’il traînait avec elle rue Bonaparte à l’Ecole des Beaux-Arts, à deux pas de la galerie de la mère de Virginia rue de Seine…