lundi 24 mai 2010

Hyper textuelle


08:10

moi: Hier, fête de famille.

08:11

Aujourd'hui, clavier en duo, avec un doigt condamné. Je me suis coupée l’index, profondément ... et j'ai mal.

Bonjour !

08:14

Jérôme: Bonjour Virginie. Oui, j'ai vu ton doigt hier et les pizzas préparées par Jacovella l'Italien, Jaco pour les intimes, à la maison, amoureusement, avec l'aide et la fantaisie des enfants… la famille…

08:15

moi: Pizzas aux légumes caramélisés pour le régal de nos papilles ... Je suis rincée ce matin.

Pourquoi t'es tu levé si tôt. Insomnie ?

08:19

Jérôme: Couché à 1h00, levé en effet vers 6h30. Théâtre hier soir, Angela Laurier au Monfort, magnifique. Frère schizo qui ressemble et parle comme Chet dans LET'S GET LOST, mon film préféré, ou même James Dean dans LA FUREUR DE VIVRE. La figure de celui qui ressent quelque chose et ne parvient pas à l'exprimer. La figure de l'homme que ses émotions submergent. C'était très beau. Très généreux comme spectacle.



moi: Tu ne m'invites plus aux spectacles. Je suis jalouse ...

08:21

Moi j'ai vu trois générations de femmes s'étriper au sujet de la burqa et du droit des femmes. Très intéressant comme spectacle.

08:22

Jérôme: Mmh… la discussion qui tourne en rond et ne dérange personne. Parler pour se cacher. Je ne t'ai pas invitée car j'étais déjà avec deux amis lausannois, Gisèle, ma plus vieille amie, et Laurent — zinema.ch

moi: Hector a tenu bon face au choeur des femmes, en rappelant que la burqa n'était pas le combat prioritaire des femmes pour s'émanciper.

08:23

Jérôme: Pas le combat prioritaire dans quel sens ?

Je ne comprends pas ce que dit Hector.

moi: La burqa stigmatisme la communauté musulmane plus qu'il ne défend le droit des femmes et si on devait réellement faire avancer la cause des femmes, qu'on pratique des salaires égaux : voilà en substance ce que le valeureux guerrier a avancé.


08:26

Jérôme: Que répondre ?

moi: Même si ça m'énerve qu'on doive toujours voiler les femmes, les taire dans leur identité, pour ne pas éveiller le désir chez l'homme. A croire que le désir n'est suscité que par la femme ...

Mais as-tu vu ces jeunes hommes dont on voit le caleçon et le début de la raie des fesses avec leurs jeans tombant aux genoux ?

08:27

Il faudrait voiler leurs fesses juvéniles !

Heureusement, je résiste bien aux tentations. Et l'homme ne pourrait-il pas résister et répondre aux femmes par autre chose que son désir ?

08:28

Qu'en penses-tu Priape ?

Jérôme: D'abord je réponds sur le désir : le désir est avant tout suscité par la vitalité… Je suis en bonne santé, et heureux, donc encore capable d'espoir et de désir. Ça se travaille. Comme la grâce élégante du tombé de jeans sur la raie des fesses.

08:29

Quant à la question de la résistance de l'homme à son désir, là, je ne te suis plus.

Si l'homme ne désire pas la femme, il devient coupable de ne pas la désirer.

08:30

Désir = vitalité

moi: Il peut aussi la trouver désirable en acceptant l'idée que le désir est vitalité et sans craindre pour sa virilité si un autre homme reluque sa femme. Nuance entre désir et envie ...

08:31

Entre désir et possession ...

Est-ce que l'objet de mon désir m'appartient ?

Non !

08:32

Il déclenche la vitalité comme tu dis, c'est de l'énergie, du mouvement, pas qqch de figé et taillé dans le marbre !

Accepte que ta femme puisse être désirée et tu seras un homme comblé !

08:33

Voilà ce que les textes religieux devraient dire aux hommes plutôt que leur faire croire qu'ils ont la main sur leur femme.

08:34

Jérôme: Mmmh, je vois que tu as glissé de la discussion/dissertation sur le désir pour revenir au sujet du voile.

moi: C'est fou ça ? Je ne m'en étais pas aperçue ...

08:35

Mais depuis le temps, tu sais que j'aime l'ouverture du voile.

08:36

Jérôme: Dans les mains crabes, une nouvelle qui date de l'été 2008, j'ai écrit : « L’homme se doit de déchirer le voile, de le percer — physiologiquement, c’est son rôle. Pendant deux cycles, j’avais essayé de déchirer le voile entre ses cuisses, puis la femme était partie, sans jamais se fissurer, ni sa peau, ni son cœur, ni le marbre rose, entre nous, comme une stèle à la gloire d’un avortement. » http://danslebaindhector.blogspot.com/2010/05/mes-mains-comme-des-crabes-sur-le-corps.html

moi: Décidément, je pense/panse comme toi.

Jérôme: Je n'arrive plus à te répondre sur le désir.

Je ne sais pas.

Je n'arrive plus à sentir ce que je pense à ce sujet.

08:38

moi: D'ailleurs, as-tu vu que j'ai créé un lien sur ta nouvelle "La femme bleue" ?

Jérôme: Ah ?

moi: Beaucoup plus élégant que tes adresses dont tu encombres notre conversation ...

J'ai fait un hypertexte.

08:39

Jérôme: Tu es…

hyper…

textuelle.

moi: Je suis une femme.

Jérôme: Sexuelle.

moi: Au-delà des mots.

Jérôme: Texte-sexte-sexe

08:40

Mots-désirs-métamorphoses physiologiques

Epanouissement.

08:41

Jouissance.

Capacité à jouir = capacité à aimer.

Ne sommes-nous pas revenus à la question du voile ?

moi: jouir = jouer

Le voile de l'hymen ?

08:42

Il est partout ce voile!

Il nous embrume.

Jérôme: Se donner = faculté d'aimer à travers le voile de notre corps

moi: On le déchire une bonne fois pour toutes ?

08:43

Quand ils ont croqué dans la pomme, Adam et Eve se retrouvent nus!

Plus de voile.

08:44

Ils sont nus, transparents, fragiles, ôtés de leur voile.

C'est l'accès à la connaissance.

08:45

Jérôme: Je crois qu'il faut parler des émotions, en plus du désir.

Les émotions sont les connaissances venant du corps. Ce sont les émotions que le voile cherche à masquer.

08:47

moi: Ca me fait penser au baiser de Magritte, où les deux amants ont le visage recouvert d'un voile ...

Ils cachent leurs émotions.


08:48

Jérôme: Oui, il y a une piste du côté de cette image.

L'homme qui désire trop intensément une femme est mal vu car il porte ses émotions à fleur de peau.

08:49

moi: La peau comme un voile révélateur.

08:50

L'image comme un voile-toile.

Le cinéma comme un voile-écran.

Et la littérature ?

08:51

Jérôme: Angela Laurier, dans son spectacle, en tant que contorsionniste, montre le ventre comme un écran.

Ce ventre qui met en place les générations.

08:52

A partir duquel se joue les partitions de l'enchaînement et de la libération.

08:55

Je ne me sens pas dans mon assiette ces temps-ci. Cela m'empêche de tirer mes/nos réflexions des profondeurs.

Je me laisse porter par toi.

Comme un bouchon de liège.

Sans rien dire.

08:56

Alors que cette question du désir est essentielle dans ce que j'écris.

Ont-ils gagné ?

Sont-ils ou sont-elles parvenues à me neutraliser ?

moi: Non !

Jérôme: Résistance. Je dois tenir.

moi: Oui !

Jérôme: Me relever.

08:57

moi: Oui !

Jérôme: Car j'ai désiré les femmes comme personne.

D'où ma passion du cinéma.

moi: « L'homme qui aimait les femmes » en pendant de « l'Homme qui écrivait trop » !

08:58

Jérôme: Le cinéma représentait pour moi un accès à la femme — oui, imprimée sur un voile.

Puis dans la réalité, j'ai eu ma part de femmes.

08:59

Mais je ne suis pas heureux pour autant.

Baiser une belle femme est un plaisir et un bon souvenir, mais ce n'est pas suffisant.

Aussitôt baisée, cette femme devient uniquement un vecteur de stress pour l'homme.

Quand vais-je pouvoir la baiser encore, se dit-il.

09:00

C'est là que la question du pouvoir surgit.

Je pense qu'il y a deux types de relations amoureuses : la A et la B.

09:01

A = dans un ordre du pouvoir, dominant vs dominé.

moi: Là, je ne te suis pas. Il n'y a pas de relation de pouvoir en amour. Le voile est déchiré, c'est une communion.

Jérôme: B = dans un ordre d'épanouissement mutuel.

09:02

moi: Ahh ... Alors, l'option B.

Jérôme: Dès que le temps surgit dans le couple, disons un an de vie commune, c'est l'option B, c'est sûr.

09:03

C'est le temps qui nous permet de définir l'option A ou B.

moi: Il se pourrait que les options, tu les émettes avant l'acte de propriété, avant d'entamer ton histoire d'amour.

09:04

Jérôme: Longtemps j'ai désiré des femmes qui se refusaient à moi. J'en ai une tripotée dans ma collection de femmes inaccessibles, mais qui continuaient de me voir.

moi: Tu n'as pas posé les bonnes options.

09:05

Jérôme: Nous sommes ici dans l'option B, mais sans le sexe.

Ce que je préconise aujourd'hui …

09:06

J'allais dire : baiser, et voir ce qui vient après.

Mais je ne me sens pas dans le sujet.

Il m'échappe.

Je raconte n'importe quoi.

Il glisse entre mes doigts.

moi: Bon, Jom, mon fils s'est réveillé. On va arrêter là et reprendre sur le désir plus tard. Tchô.

09:07

Jérôme: Ok. Ouf, c'est une libération, car c'est un sujet difficile pour moi en ce moment.

Comme si je n'y croyais plus.

Vierge de la miséricorde.